4l8             MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
tout le monde estoit maistre ; qu'il estoit de necessité d'avoir un roi, voire un roi qui fust de bon or et dW ducat ; qu'il faloit changer d'officiers et de justice, et de tous estats ; que ceux de la conference méritoient bien d'estre piqués, et qu'il y avoit bien de la ladreiie en leur fait, laquelle ne se gueriroit que par la pointe; que nous ne ressemblions pas à cet agneau qui, regar­dant par la fente, voiioit le loup qui lui prioit de lui ouvrir, et qu'il lui donneroit la tette; mais que ceux de Paris estoient des sots et des bestes, qui enduroient bien des politiques les braver à leur nés, jusques à avoir dit tout haut le jour d'hier qu'il ne faloit point de treufve, mais une bonne paix generale. Puis ac­commodant l'évangile de ce jour, qui estoit du Saint Esprit, aux esprits des Estats, de nos gouverneurs, et de ceux de la conference, dit qu'il n'i avoit plus d'es­prit entre nous; que ceux qui nous gouvernoient avoient assez de chair, mais peu d'esprit : attaquant le duc de Maienne en sa presence, lequel s'en retourna de ce ser­mon fort malcontent et édifié; et dit que Boucher et les autres prédicateurs tenoient un langage qui ne lui plai-soit gueres, et qu'ils se fussent bien passés de dire beau­coup de choses qu'ils disoient. Mais que le meilleur estoit qu'on ne lairroit pour eux de faire ce qu'il faloit faire, et qu'on ne leur en demanderoit pas leur advis ; et que pour son particulier il leur monstreroit (ce que possible ils craingnoient le plus) qu'il n'avoit j arnais esté traistre à sa patrie. U dit ces propos de colère, comme estant piqué des paroles qu'avoit tenu Boucher en sa chaire.
Ce jour, Feu Ardant, cordelier, qui preschoit à £aint-Jean, aprés avoir vomi un million d'injures contre le Roy, dit qu'un coup de tonnerre ou fouldre
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